Culture potagère

Établissement d’un potager

Lorsqu’on veut établir un jardin potager, on doit choisir, pour le mettre en culture, un terrain situé à une petite distance de l’habitation, de manière à ce qu’on y puisse prendre à toute heure les légumes destinés à la consommation immédiate. Toutefois, ce terrain ne doit pas être tellement rapproché qu’on ait à redouter les odeurs dégagées par le fumier des couches.

Il est nécessaire d’avoir de l’eau à sa disposition dans le jardin même, car la culture des plantes potagères réclame de nombreux arrosages : dans un sol médiocre, mais bien approvisionné d’eau, on peut toujours cultiver les légumes, tandis que dans une terre de première qualité qu’on ne peut arroser, il est presque impossible de les faire croître.

Pour permettre l’écoulement des eaux de pluie, il est bon que le sol du potager soit légèrement en pente ; ajoutons que, la terre étant constamment remuée dans l’une ou l’autre de ses parties, et les planches de légumes n’ayant pas toujours un aspect des plus agréables, il n’est pas mal d’en masquer un peu la vue, ce qu’on fait au moyen des clôtures, dont nous parlerons tout à l’heure.

Exposition

Il n’est pas de règle rigoureuse pour déterminer l’exposition du potager ; on conçoit aisément, en effet, que sa situation doit varier non seulement avec les conditions climatériques du lieu où on l’établit, mais encore avec les plantes qu’on y cultive. Quoi qu’il en soit, nous dirons que dans le nord et le centre de la France l’exposition du sud est souvent la meilleure ; dans un climat sec et chaud, au contraire, celui du Midi par exemple, il faut préférer l’exposition qui donne aux plantes l’ombre nécessaire pour les empêcher d’être brûlées par un soleil trop ardent.

Il est d’usage, dans quelques provinces, de placer des arbres fruitiers à côté des légumes. Ce procédé, excellent pour les régions méridionales, est loin d’être avantageux pour les climats plus septentrionaux, où les arbres situés dans le potager empêchent les cultures placées à leur pied de recevoir directement les rayons solaires. On devra donc, dans ce cas, éviter de planter des arbres fruitiers dans l’enclos réservé aux plantes potagères, à moins, toutefois, qu’on ne les dispose en espalier[2].

Clôtures

Les clôtures les plus parfaites sont assurément les murs, qui brisent les vents, permettent de former des espaliers et constituent un excellent moyen de protection. On les élève généralement à une hauteur de 2 mètres, et on leur donne la couleur blanche, celle qui renvoie le mieux la chaleur du soleil. Leur principal inconvénient est dans le prix de revient relativement élevé de leur construction.

Les haies vives, assez souvent employées, sont loin d’offrir les mêmes avantages ; elles donnent asile à de nombreux insectes et animaux nuisibles dont il est fort difficile d’éviter les atteintes, et, d’autre part, comme elles empruntent au sol ses éléments nutritifs, celui-ci ne donne que de maigres produits dans leur voisinage. Au reste, elles sont souvent endommagées par les animaux domestiques pendant les premières années de leur formation, et ne protègent pas suffisamment le potager.

Les clôtures de bois, les treillages en fil de fer galvanisé sont assez fréquemment usités, bien qu’ils n’opposent qu’une faible résistance à l’action des vents ; on peut les compléter par des brise-vent, comme le font quelques horticulteurs. Ces brise-vent, auxquels on donne une hauteur de 1,50  m environ, sont généralement construits en paille de seigle.

Cuve.

Brise-vent.

Nature du sol

Le sol le plus propre à la culture potagère est celui dont les divers éléments sont mélangés en proportion convenable[3] ; il est alors facile à travailler et on le désigne sous le nom de sol meuble. La terre est de qualité inférieure lorsque l’un des éléments est en trop grande quantité : elle est dite forte si l’argile est en excès ; elle est dite légère si c’est l’élément calcaire ou l’élément siliceux qui domine.

Les terrains argileux sont souvent fort difficiles à travailler et conservent presque toujours beaucoup trop d’humidité ; ils sont cependant préférables aux terrains siliceux, qu’on laboure plus aisément, il est vrai, mais qui se dessèchent relativement vite. Toutefois, les uns et les autres ont leurs avantages : les premiers sont propres à la culture des gros légumes, tels que le chou-fleur, l’artichaut, le cardon ; les sols calcaires ou siliceux peuvent être ensemencés de bonne heure, car ils se réchauffent dès les premiers jours du printemps. En été, les terres fortes doivent être fréquemment binées, et les terres légères, arrosées abondamment.

Dans le cas où l’un des éléments se trouve en proportion trop considérable, il faut amender le sol en ajoutant une certaine quantité de l’élément manquant : du sable par exemple aux sols argileux, de la marne aux sols siliceux, do l’argile aux terrains calcaires.

On emploie fréquemment aussi des amendements formés de matières organiques ; nous aurons occasion de revenir sur cette question au sujet des engrais.

Travaux préparatoires

Lorsqu’on veut mettre un terrain neuf en culture, on pratique préalablement quelques opérations importantes. Le défoncement, qui est la plus difficile et la plus coûteuse de ces opérations, a pour but d’ameublir le sol à une grande profondeur. S’il y a lieu, on arrache et on brûle les herbes sèches avant de l’effectuer ; leurs cendres répandues sur le sol fourniront un amendement excellent. Pour procéder au défoncement, on creuse à la pioche, à l’une des extrémités du terrain, une tranchée de 1,50  m à 2 mètres de largeur sur 60 à 80 centimètres de profondeur ; la terre qu’on retire est portée à l’extrémité opposée du jardin. On creuse ensuite, à côté de la première, une seconde tranchée dont la terre sert à combler celle-ci, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive à la dernière tranchée, qu’on remplit avec la terre retirée de la première. Pendant ce travail les pierres ont été mises de côté pour servir à la formation des allées. Après le défoncement on brise les mottes, puis on égalise la partie superficielle du sol. Il va sans dire que lorsque le sous-sol est de mauvaise composition il faut éviter de le ramener à la surface.

Lorsqu’on ne juge pas nécessaire de défoncer le sol, on doit au moins le retourner à la bêche sur une profondeur de 20 à 30 centimètres.

La terre étant bien ameublie par un défoncement suivi de labour ou par un simple labour à la bêche, il s’agit de la répartir convenablement. Le jardin ayant presque toujours une forme régulière, cette opération est relativement facile. On pourra le diviser en deux parties égales par une allée principale de 1,50  m à 2 mètres de largeur, qu’on tracera bien rectiligne au moyen du cordeau. On déterminera de la même façon une allée de 60 centimètres à 1 mètre de large, faisant tout le tour de l’enclos, située à une distance des clôtures d’environ 2 mètres et laissant ainsi, sur les bords, des bandes de terre qu’on appelle côtières. Dans les régions septentrionales, les côtières longeant les murs bien exposés devront être plus larges, afin qu’on y puisse cultiver les légumes de première saison. Il restera ensuite à former les plates-bandes, qui peuvent avoir de 1,50  m à 2 mètres de largeur. Pour cela, on tracera à la distance voulue, et toujours au moyen du cordeau, des sentiers perpendiculaires à l’allée principale, auxquels on donnera une largeur de 30 à 40 centimètres.

Les allées sont empierrées et tassées, puis recouvertes d’une couche de sable de 3 à 4 centimètres.

Les engrais

Quelle que soit la nature du sol dans lequel on établit le jardin potager, il est nécessaire, pour obtenir des légumes vigoureux et de bonne qualité, de lui fournir des matières fertilisantes, autrement dit des engrais. Les engrais auxquels on a recours sont le fumier, le paillis, le terreau et les engrais chimiques, que nous allons examiner successivement.

Fumier

Le fumier est formé principalement par les déjections des animaux domestiques. Le plus convenable pour la culture potagère est le fumier de vache ; mais le fumier de cheval, à demi-consommé, est aussi un excellent engrais : on l’emploie surtout pour la culture des primeurs, car il dégage, pendant la fermentation, une certaine quantité de chaleur que l’on met à profit. Le fumier de mouton, celui des poules ou poulinée, celui des pigeons ou colombine, le guano, sont également très efficaces ; la boue des. villes ou gadoue, les plantes marines telles que le varech, les râpures d’os,tourteau de colza et tous les résidus organiques peuvent aussi servir à l’amélioration des terrains. Le fumier humain lui-même donne de très bons résultats ; malheureusement on ne l’emploie pas aussi souvent qu’on le pourrait, car certains jardiniers éprouvent de la répugnance pour cet engrais. On peut, avant de l’utiliser, le désinfecter avec de la poudre de charbon, de la sciure de bois,crottin de cheval ou du sulfate de fer à raison de 2 kilogrammes par mètre cube.

Le fumier des bestiaux est généralement mis en terre à la fin de l’automne ou au commencement de l’hiver. On emploie chaque année, pour cette opération, 300 kilogrammes environ de fumier par are. Dans les jardins où l’on pratique la culture sur couche,le fumier des couches, à moitié consommé, peut servir d’engrais pour les autres parties du jardin. L’engrais humain, s’il est desséché, prend nom de poudrette et se mélange au sol comme les engrais animaux ; sinon il prend le nom d’engrais flamand et on le répand par arrosages après l’avoir laissé fermenter pendant quelque temps ; le guano, la poulinée, la colombine, sont délayés dans de l’eau, puis répandus de la même manière le purin, versé sur les plates-bandes, produit presque toujours d’heureux effets.

Paillis

On appelle paillis une couche de fumier court, à moitié consommé, que l’on étend à la surface du sol, soit pour favoriser la levée des graines, soit pour conserver une certaine fraîcheur aux terres qui réclament de fréquents arrosages. Le paillis, auquel on donne une épaisseur de 4 à 5 centimètres, est souvent formé avec le fumier provenant des couches. On l’applique seulement, à partir de la fin d’avril, sur les planches en culture ; placé plus tôt, il retient dans le sol un excès d’humidité qui donnerait prise aux gelées. Lorsqu’en automne le paillis est enterré par les labours, il agit comme matière fertilisante.

Terreau

Le fumier, arrivé à son dernier degré de décomposition, prend le nom de terreau. Les tas de fumier, abandonnés à eux-mêmes, arrivent toujours à cet état, mais le terreau qu’on emploie dans la culture potagère provient la plupart du temps d’anciennes couches. Beaucoup de cultivateurs réservent cependant, dans un coin du potager, un petit emplacement où sont jetés les épluchures des légumes, les vieilles feuilles, les herbes sèches, les chiffons même dans le but de les convertir en terreau. On les arrose avec les eaux ménagères, et, lorsque le tout est suffisamment décomposé, on peut l’employer comme amendement ; son action est des meilleures sur les cultures : il rend plus meubles et plus légers les sols compacts.

Remarquons ici que les plantes portant des graines mûres et celles qui sont atteintes de maladies cryptogamiques ne doivent pas être jetées telles sur le fumier. Les premières y donneraient inutilement naissance à des plants qui emprunteraient au terreau leur nourriture ; les secondes altéreraient toute la masse, qui deviendrait rapidement une source de contamination. Il faudra donc brûler les plantes qui se trouveraient dans l’une ou l’autre de ces conditions, et jeter ensuite leurs cendres sur le terreau.

Engrais chimiques

Si l’on ne restituait pas à la terre les principes nutritifs qu’on lui enlève par la culture, le sol ne tarderait pas à s’appauvrir ; il est donc indispensable, pour lui conserver sa fertilité, de lui fournir des engrais en quantité suffisante. Les engrais organiques peuvent assurément contribuer, dans une certaine mesure, à rendre productifs les terrains épuisés ; mais, comme le fumier fait souvent défaut, on a recours, pour compléter l’action des engrais animaux et végétaux, à des engrais complémentaires,c’est-à-dire aux engrais minéraux appelés encore engrais chimiques.

engrais complémentaires,c’est-à-dire aux engrais minéraux appelés encore engrais chimiques. Les substances nutritives que réclament les plantes sont de plusieurs sortes ; on en compte quatre principales : l’azote, l’acide phosphorique, la potasse et la chaux ; de là quatre espèces d’engrais minéraux : les engrais azotés, les engrais phosphatés, les engrais potassiques et les engrais calcaires.

Les engrais azotés les plus employés sont :

Les engrais potassiques les plus usités sont :

Les principaux engrais calcaires sont :

Le sol doit contenir en proportion convenable les quatre éléments nutritifs ; azote, acide phosphorique, potasse, chaux. On peut employer, pour les fournir aux terres épuisées, un mélange ainsi formé dont on répand 100 grammes par mètre carré : nitrate de soude 2 à 4 parties, superphosphate de chaux 3, chlorure de potassium 1, plâtre 4, sulfate de fer 1 pour 100 du mélange.

Le mélange suivant, recommandé par M. Grandeau, est utilisé après avoir été dissous dans l’eau à raison de 1 gramme par litre : phosphate d’ammoniaque 30 grammes, nitrate de potasse 45, nitrate de soude 15, sulfate d’ammoniaque 10.

Instruments de jardinage

Nous ne nous occuperons pas ici des nombreux instruments qui ont été imaginés dans le but de faciliter les travaux horticoles et dont la plupart, pour être employés utilement, réclament une certaine habileté que l’on n’acquiert que par la pratique. Nous nous bornerons à étudier successivement les divers outils qui sont d’un maniement facile et d’un usage courant.

L’arrosoir peut être en zinc, en fer-blanc, en cuivre jaune ou en cuivre rouge. On donne ordinairement la préférence aux arrosoirs en cuivre rouge, qui sont les plus durables. Les arrosoirs ont une capacité de 10 litres environ ; ils sont munis d’une pomme mobile percée d’un très grand nombre de petits trous.

La bêche, dont la forme et les dimensions varient suivant les régions, sert à exécuter les labours. Elle se compose d’une lame plate en acier trempé, munie d’une douille dans laquelle est enfoncé le manche.

La pioche est employée pour les défoncements et les labours profonds ; elle est très utile pour travailler les sols durs ou pierreux qu’on ne pourrait entamer avec un autre instrument. La houe sert à remuer la terre et à trancher les mauvaises herbes. Elle est formée d’une large lame munie d’une douille dans laquelle pénètre le manche.

Outis.

Outils.

La binette, qui peut affecter plusieurs formes, est employée comme la houe pour trancher les mauvaises herbes et remuer la terre, afin d’en ameublir la partie superficielle et de permettre à l’air de la pénétrer ; elle porte une lame tranchante d’un côté et deux longues dents de l’autre.

La serfouette est une sorte de petite binette dont la lame, tranchante d’un côté, ne porte de l’autre qu’une seule dent élargie vers le milieu ; on l’emploie pour biner et pour tracer les rayons et les limites des allées en suivant le trait indiqué par le cordeau.

La fourche à dents plates sert à labourer, comme la bêche ; mais on l’emploie surtout pour des travaux plus particuliers, par exemple pour remuer la terre au pied des arbres, travail que la bêche ne pourrait exécuter sans blesser les racines. Les dents sont au nombre de deux ou trois.

La fourche ordinaire est composée de deux ou trois grandes dents légèrement courbées réunies à un manche par une douille ; elle sert à charger le fumier, faire les couches, briser les mottes de terre, herser les semis, etc.

Le râteau est utilisé pour épierrer, nettoyer les allées, unir le sol après le labour et herser les semis. Le râteau peut être en bois avec des dents de fer ou entièrement en fer.

La ratissoire, qui sert à sarcler et à ratisser les allées, présente deux types : la ratissoire à pousser et la ratissoire à tirer ; la douille de cette dernière est recourbée pour permettre de ramener à soi l’instrument pendant le travail.

Les pelles sont de formes et de dimensions très variables ; elles peuvent être en bois ou en fer ; elles servent à charger et à décharger la terre, le fumier, etc.

La brouette affecte diverses formes. On se sert de brouettes à coffre portant deux côtés pour retenir la charge, et de brouettes à civière dont le fond est formé de barres transversales. Les premières servent à transporter la terre et les engrais ; les secondes peuvent porter des charges plus encombrantes, telles que paille, paillassons, arrosoirs remplis d’eau, etc.

Le déplantoir se compose essentiellement d’une large lame recourbée en forme de demi-cylindre ; il sert à tirer du sol, sans froisser les racines, les jeunes plants qu’on veut transplanter.

Le plantoir, fréquemment employé dans les semis et les repiquages, est un simple morceau de bois fusiforme de 20 à 30 centimètres de longueur. Son extrémité peut être garnie de fer ou de cuivre.

Le cordeau est principalement utilisé pour tracer les allées et les sentiers, et dessiner les rayons des semis. Il est facile de le construire soi-même en attachant à deux piquets les extrémités d’une corde ayant une quarantaine de mètres de longueur.

Outis.

Châssis et autres outils.

Les châssis, destinés à favoriser la croissance des légumes qui ne viendraient que plus tardivement à l’air libre, sont formés de deux parties principales : le coffre et les panneaux. Le coffre est une sorte de caisse sans fond qui soutient les panneaux vitrés, de façon à ce que ceux-ci soient légèrement inclinés. Le modèle le plus usité porte trois panneaux ; sa longueur est de 4 mètres ; sa largeur de 1,33 m ; sa hauteur de 33 centimètres en arrière et de 26 centimètres en avant. Les panneaux sont des cadres de bois ou de fer de 1,33 m de largeur sur 1,36 m de longueur, divisés par les traverses auxquelles sont fixées les vitres.

Les paillassons, formés de paille de seigle, sont en général un peu plus grands que les châssis sur lesquels on les étend. Beaucoup d’horticulteurs les construisent eux-mêmes. Placés directement sur le sol, ils préservent les graines et les jeunes plants de la gelée.

Les cloches servent au même usage que les châssis ; on distingue les verrines ou cloches à facettes et les cloches maraîchères, les plus communément employées aujourd'hui. Les premières sont formées d’une petite charpente en fer qui porte des vitres plates ; elles coûtent beaucoup plus cher que les secondes et laissent arriver à la plante moins de chaleur et de lumière. Les cloches maraîchères les plus usitées sont en verre incolore et mesurent 40 centimètres de diamètre ; lorsqu’elles viennent à se fendre sans pour cela devenir inutilisables, on peut essayer de les réparer avec du blanc de céruse. Quand on ne veut plus s’en servir, on les place les unes dans les autres en intercalant un peu de paille.

La crémaillère est formée par une latte dans laquelle on pratique un certain nombre de crans ; elle sert à soutenir le bord de la cloche au-dessus du sol, afin que l’air puisse pénétrer jusqu’à la plante. Lorsqu’on veut que la cloche soit soulevée de tous les côtés, on la maintient au moyen de trois crémaillères.

Travaux courants

Lorsque le jardinier sème ou plante les légumes aux époques ordinaires pour les cultiver à l’air libre, sans autres soins que ceux qui sont normalement indispensables à leur croissance, il pratique la culture naturelle ; lorsqu’il cherche à hâter leur développement par l’emploi des couches, des châssis, des cloches, etc., il pratique la culture des primeurs ; quand enfin il fait croître à contre-saison des légumes, soit sur couche et sous châssis, soit dans une serre, à l’aide de la chaleur artificielle, le mode de culture employé est dit culture forcée. Dans les serres, la chaleur est généralement produite par le chauffage à l’eau chaude au moyen du thermosiphon.

Parmi les différents travaux de jardinage, les uns sont communs aux trois modes de culture, tels sont le semis, le repiquage ; les autres, comme le montage des couches, sont particuliers à la culture des primeurs et à la culture forcée. Nous étudierons successivement ces divers travaux en commençant par les plus généraux.

Labour

Dans la culture potagère, les labours s’exécutent surtout à la bêche ; pour qu’ils soient bien faits, l’instrument doit pénétrer à une profondeur variant entre 15 et 30 centimètres, et la terre retirée doit être retournée de façon à ce que la couche profonde soit ramenée à la surface. Toutes les fois qu’on veut semer ou transplanter dans un terrain, un labour doit y être effectué ; pendant cette opération, on enterre toutes les herbes qui ne peuvent se multiplier par rejets, mais on a soin d’enlever celles qui pourraient se reproduire de cette manière. A la fin de l’automne et au commencement de l’hiver, au moment des labours pratiqués pour enterrer les engrais, ceux-ci ne doivent pas être enfouis trop profondément, car si les racines des légumes ne pouvaient atteindre la partie fertilisée, les amendements ne produiraient aucun effet.

Il faut éviter de labourer après une gelée, car le sol durci ne pourrait être qu’imparfaitement divisé ; immédiatement après une grande pluie, la terre détrempée, formant une masse compacte, ne serait travaillée qu’avec peine.

Semis

Le mode de reproduction par semis est le plus fréquemment employé pour la multiplication des plantes potagères. Les semis peuvent avoir lieu dès la lin de février, si l’hiver n’est pas trop froid, mais ce n’est pas une règle rigoureuse, car certains légumes, tels que le pois hâtif de Sainte- Catherine, se sèment au commencement de l’hiver. Les semis alterneront dans la suite avec les récoltes, mais se feront rarement plus lard que le mois de juillet pour les légumes qu’on voudra récolter la môme année. Lorsque les graines qui devraient être semées au printemps sont longues à lever, on peut les mettre en terre dès décembre de l’année précédente ; si l’on ensemençait plus tôt, elles germeraient avant l’hiver et les premières gelées détruiraient les jeunes plants.

es graines doivent être recouvertes d’autant moins de terre qu’elles sont plus petites ; on se contente même, dans certains cas, de répandre un peu de terreau sur les semis. Lorsque, pour un motif ou pour un autre, on tient à ce que la levée soit prompte, on peut, avant de semer, mettre les graines dans un sac de toile et les faire tremper quelque temps dans l’eau.

Semis à la volée

Les semis peuvent s’effectuer de diverses façons ; la plus simple consiste à prendre les graines dans la main et à les jeter aussi uniformément que possible sur le terrain choisi. C’est ce qu’on appelle semer à champ ou à la volée. Cette opération se fait ordinairement en deux fois, c’est-à-dire qu’on se place successivement sur deux bords opposés de la planche à ensemencer, de façon à en garnir chaque fois la moitié : on évite ainsi de jeter les graines dans les sentiers.

Lorsqu’on est sûr de la qualité des graines, il faut semer clair afin d’obtenir des plants aussi forts que possible ; si malgré cela la levée était trop épaisse, il faudrait éclaircir, c’est-à-dire arracher les pieds les plus faibles pour permettre aux autres de croître librement. On évite ordinairement de semer trop épais en mélangeant un peu de sable fin à la graine.

Après le semis, on herse au râteau ou à la fourche, puis on plombe, c’est-à-dire qu’on foule le sol, soit avec une planche, soit avec le dos de la pelle ou du râteau. On arrose s’il y a lieu.

Semis en rayons

Le semis en rayons consiste à ouvrir au moyen de la serfouette, et en suivant une ligne déterminée par le cordeau, de petits sillons dans lesquels on dépose les graines qu’on recouvre ensuite en hersant le semis ; les binages qui auront lieu plus tard en seront facilités. Une modification du semis en rayons, le semis en poquets, s’exécute en faisant avec la serfouette de petits trous dans lesquels on place les grosses graines, telles que celles du haricot, au nombre de deux à cinq.

Repiquage

Le repiquage est une opération qui a pour effet de faire produire aux plantes un chevelu abondant, et, par suite, de les rendre plus robustes et de retarder la montée en graines. Il consiste à changer les légumes de sol lorsqu’ils ont atteint une certaine grosseur et qu’ils pourraient se nuire les uns aux autres. Pour leur faire subir cette opération, il ne faut pas attendre qu’ils soient trop développés, car alors le repiquage offrirait peu de chances de succès.

Le sol dans lequel on repique doit avoir été préalablement labouré, recouvert d’un paillis, et arrosé si le temps est sec. Le repiquage se fait en lignes tracées au cordeau, espacées suivant le volume que peuvent atteindre les légumes. On fait au moyen du plantoir des trous dans lesquels on place les racines des plantes,puis on comble avec de la terre. On arrose ensuite chaque pied, ce qui tasse le sol autour des racines.

Le repiquage peut encore être effectué dans un petit espace, en pots, sur couche, etc., pour les plantes dont la végétation est de longue durée et qui ont besoin d’être abritées au commencement de leur croissance.

Sarclage

Le sarclage est une des opérations importantes de la culture potagère ; il a pour but d’empêcher les mauvaises herbes de croître à côté des légumes dont elles entraveraient le développement. Le sarclage consiste à arracher ces herbes soit à la main, soit au moyen d’un instrument ; il doit être renouvelé aussi souvent qu’il est utile, et surtout lorsque les plants sont encore jeunes.

Dans les allées et les sentiers, on sarcle au moyen de la ratissoire ; dans les plates-bandes, c’est surtout à la main que se fait cette opération ; mais comme elle serait difficile si le terrain était sec, il faut la pratiquer de préférence après la pluie ou un arrosage, de manière à ne pas soulever le sol, ce qui pourrait déranger ou mettre à nu les racines des plantes à conserver.

Binage

Comme le sarclage, le binage est une opération qui ne doit pas être négligée ; il est surtout utile lorsque le sol a été durci à la suite des pluies ou des arrosements. Le binage s’exécute, suivant les cas, à l’aide de la binette, de la serfouette, ou même de la houe ; il ne doit pas être trop profond, de crainte d’occasionner des lésions aux racines des plantes, mais assez cependant pour permettre à l’air d’arriver jusqu’à elles. Il facilite aussi l’accès de l’eau dans les parties profondes du sol, de sorte que l’évaporation se trouve très réduite et la terre se maintient plus longtemps humide.

Le binage peut tenir lieu de sarclage lorsqu’on a soin de détruire en même temps toutes les plantes nuisibles ; il doit être plus souvent renouvelé dans les terrains compacts que dans les terrains légers ; il devient moins nécessaire lorsque le sol est recouvert d’un paillis.

Arrosage

On sait que, pour assurer aux légumes une croissance rapide et vigoureuse, il est non seulement utile, mais encore indispensable de les arroser fréquemment.

Dans nos jardins, les arrosements sont exécutés à l’aide d’arrosoirs. Quelquefois, pour faciliter le travail, on a plusieurs réservoirs dans le même potager ; ces réservoirs sont souvent constitués par des tonneaux enfoncés dans le sol et communiquant entre eux par des tuyaux ; comme ils sont aussi en relation avec une pompe, on peut à volonté les remplir tous à la fois.

Le jardinier n’a pas toujours un tel système à sa disposition ; il arrive qu’il tire son eau d’un puits ou d’un cours d’eau ; mais comme la plupart du temps il ne lui est pas possible de faire autrement, il utilise l’eau qui se trouve à sa portée. Nous ferons cependant remarquer que les eaux de pluie sont les meilleures pour les arrosements ; viennent ensuite les eaux courantes des rivières, les eaux de source, les eaux de puits, de pompe et enfin les eaux de mare.

Avant d’utiliser les eaux de puits, on fera bien de les laisser quelque temps à l’air libre, afin qu’elles prennent la température de l’atmosphère et qu’elles s’aèrent suffisamment.

L’heure à laquelle on doit arroser varie suivant les saisons. En été, il est préférable de faire les arrosages le soir, car l’eau s’évaporant moins la nuit, les légumes en subissent plus longtemps l’influence ; au contraire, en automne et au printemps les arrosages doivent avoir lieu le matin, car si l’eau était répandue le soir sa fraîcheur pourrait être nuisible aux plantes.

Lorsqu’on veut arroser de gros légumes, les choux par exemple, il arrive souvent qu’on enlève la pomme de l’arrosoir, ce qui permet de verser plus rapidement la quantité d’eau nécessaire ;on exécute alors un arrosage en plein. On désigne sous le nom de bassinage un arrosement léger effectué en conservant la pomme.

Montage des couches

Les couches sont des amas de fumier pouvant dégager par la fermentation la chaleur nécessaire à la culture hâtive des légumes. Le plus souvent les couches sont faites avec du fumier de cheval mélangé à des feuilles d’arbre, celles du châtaignier, du hêtre ou du chêne par exemple. Pour qu’elles produisent de bons effets, il faut qu’elles aient à peu près la température à laquelle les légumes réussissent le mieux par la culture naturelle.

On distingue plusieurs sortes de couches, d’après leur degré de chaleur et selon la forme qu’elles affectent. Nous examinerons successivement les couches en plancher et les couches en tranchées.

Couches en plancher

Les couches en plancher sont celles qu’on monte directement sur le sol ; elles sont de forme rectangulaire ; leurs dimensions varient avec le nombre de châssis ou de cloches dont on veut les couvrir ; cependant la largeur reste presque toujours entre 1,33 m et 1,70 m. Lorsqu’on emploie pour les construire du fumier neuf n’ayant pas encore fermenté, la chaleur produite est considérable et les couches sont dites chaudes. Lorsqu’on monte les couches avec un mélange de fumier neuf et de fumier ayant déjà fermenté ou fumier recuit, la chaleur développée est moindre et l’on a des couches tièdes ; on commence généralement à construire ces dernières en novembre.

Avant de procéder au montage d’une couche, on en détermine d’abord l’emplacement au moyen de quatre piquets autour desquels on tend le cordeau ; on mêle ensuite le fumier neuf au fumier recuit et l’on place, au moyen de la fourche, le mélange dans l’endroit choisi, en ayant soin de le tasser à mesure, de conserver partout le même niveau et d’élever verticalement les bords latéraux de la couche, dont l’épaisseur peut varier entre 40 et 65 centimètres. Si les couches sont destinées à porter des cloches, on les charge de 20 centimètres environ de terreau, puis on les borde soigneusement. Si le fumier n’est pas assez humide, on l’arrose pour faciliter la fermentation. Au début, la température s’élève rapidement et peut atteindre jusqu’à 65 degrés, c’est ce qu’on appelle le coup de feu, mais elle ne tarde pas à descendre pour se maintenir aux environs de 25 à 30 degrés. On commence généralement à semer à partir de ce moment.

Couches en tranchées

Les couches en tranchées sont surtout employées pour la culture des melons ; elles ne diffèrent des couches en plancher que parce qu’elles sont élevées sur le fond d’une fosse, ce qui fait que la hauteur au-dessus du sol est moins grande. Les tranchées ont généralement 1 mètre de largeur sur 33 centimètres de profondeur ; l’épaisseur totale de la couche est de 65 centimètres en moyenne. Le fumier recuit employé provient en partie des anciennes couches.

On appelle couches sourdes des couches en tranchées pour lesquelles le fumier recuit est presque le seul employé ; la largeur de la fosse est ordinairement de 55 à 60 centimètres, et la profondeur de 25 à 30 centimètres. La partie supérieure est chargée de terreau qu’on recouvre de fumier long. Durant l’hiver, il est nécessaire de préserver les couches des atteintes du froid ; c’est ce qu’on réalise à l’aide des accots et des réchauds. Les accots sont des amas de vieux fumier qui entourent les couches ou les châssis ; les réchauds diffèrent des accots en ce que c’est seulement le fumier neuf qui entre dans leur composition ; ils sont préférables aux premiers, car la chaleur qu’ils dégagent peut empêcher les couches de se refroidir.

Les assolements

Lorsqu’on a choisi les cultures à faire dans un jardin potager et assigné à chacune un emplacement convenable, il semble tout d’abord qu’on puisse s’en tenir constamment à cette disposition ; cette manière de faire serait assurément la plus simple et la plus commode, si elle ne présentait des inconvénients qu’on a reconnus depuis longtemps.

On a remarqué, en effet, que le même sol, quelque riche qu’il soit, ne peut nourrir indéfiniment la même plante ; cela tient à ce que celle-ci emprunte au terrain des éléments qui sont toujours les mêmes, si bien que ce terrain finit par ne plus posséder les principes nutritifs qu’elle réclame ; mais il en contient d’autres convenant à des espèces qui, grâce à leur système radiculaire, pourront puiser leurs aliments dans des couches différentes du sol.

Cette observation a conduit les cultivateurs à alterner sur un même emplacement leurs diverses cultures. Celte alternance se nomme assolement.

Ce n’est pas au hasard qu’on choisit les légumes qui doivent se succéder dans le potager. L’expérience a donné des règles générales à ce sujet : on remplace les cultures les plus épuisantes par d’autres qui le sont moins ; les plantes à racines profondes, par des plantes à racines superficielles, etc.

Lorsqu’on fait dans une année plusieurs récoltes ou saisons sur une même planche, on s’attache à ne pas conserver la même culture pendant deux saisons consécutives, afin d’avoir toujours des produits de bonne qualité

On comprend aisément les avantages que peut offrir un bon assolement ; nous dirons avec M. André Thouin que c’est « l’art de faire alterner les cultures sur le même terrain, pour en tirer constamment les meilleurs produits aux moindres frais possible ».

Le choix d’un assolement est chose assez difficile, car le cultivateur doit tenir compte non seule- ment des besoins des plantes cultivées, mais encore des éléments que renferme le sol.

Il est donc fort difficile de donner un système pouvant convenir pour la généralité des cas ; nous citerons cependant un modèle que nous empruntons à M. Courtois-Gérard. On y trouvera la répartition du terrain pour un jardin de 15 ares (1 500 m2) et l’indication des cultures successives de chaque plate-bande pour les récoltes d’une même année. Cette répartition permet de pourvoir à l’alimentation variée d’une famille de six personnes ; l’horticulteur y apportera les modifications qu’il jugera nécessaires, et il fera en sorte de ne ramener une culture sur la même planche que tous les cinq ou six ans.

Mètres carrés
100 Artichauts, avec quelques pieds de courges.
100 Asperges, avec une rangée de betteraves entre chaque planche d’asperges.
50 1ere saison, carottes hâtives ; 2e saison, laitues et romaines
50 Carottes et panais semés ensemble.
50 1ere saison, chou cœur-de-bœuf avec des épinards ; 2e saison, céleri.
100 Chou pommé de Saint-Denis ou chou quintal.
50 1ere saison, choux-fleurs ; 2e saison, raiponce avec des épinards.
100 1ere saison, fèves ; 2e saison, navets.
50 Fraises.
50 1ere saison, haricots nains ; 2e saison, mâches.
200 Haricots à rames à récolter en sec pour la provision d’hiver.
50 1ere saison, laitues et romaines ; 2e saison, choux-fleurs.
50 1ere saison, oignon blanc ; 2e saison, chicorée de Meaux.
50 Oignon rouge ou jaune et poireau semés ensemble
50 1ere saison, pommes de terre hâtives ; 2e saison, choux de Milan.
200 Pommes de terre pour la provision d’hiver.
50 1ere saison, pois nains ; 2e saison, choux-raves ou rutabagas.
100 Pois à rames à récolter en sec pour la provision d’hiver.
50 Scorsonères ou salsifis blancs.
1500 mètres carrés (15 ares).

Aucune place n’est assignée au persil, au-cerfeuil, à l’oseille, à la chicorée sauvage, au cresson ni aux échalotes, qu’on cultive ordinairement en bordure.

On peut remarquer que certains légumes de première importance ne sont pas mentionnés dans ce tableau ; l’horticulteur jugera si son potager se trouve dans de bonnes conditions pour les produire, et au besoin il les substituera à d’autres moins intéressants pour lui. De toute façon certains légumes seront sacrifiés, car il est impossible de cultiver toutes les espèces dans un petit jardin potager.

Culture potagère Poids du litre de graines Nombre de graines Durée germinative
Moyenne Extrême
Grammes Dans 1 gramme Ans Ans
Arroche 140 250 6 7
Artichaut 610 25 6 10
Asperge 800 50 5 8
Aubergine 500 250 6 10
Basilic (grand) 530 800 8 10
Basilic (petit) 500 900 8 10
Betterave 250 50 6 10
Cardon 630 25 7 9
Carotte 360 950 4 ou 5 10
Céleri 480 2500 8 10
Cerfeuil 380 450 2 ou 3 6
Cerfeuil bulbeux 540 450 1 1
Chicorée 340 600 10 10
Chicorée sauvage 400 700 8 10
Chou cabus 700 320 5 10
Chou-rave 700 300 5 10
Chou-navet 700 375 5 10
Chou-fleur 700 375 5 10
Ciboule 480 300 2 ou 3 7
Concombre 500 35 10 10
Potiron 400 3 6 10
Courge musquée 420 7 6 10
Citrouille 425 6 à 8 6 10
Crambé 210 15 à 18 1 7
Cresson alénois 730 450 5 9
Cresson de fontaine 580 4000 5 9
Épinard à graine piquante 375 90 5 7
Épinard à graine ronde 510 110 5 7
Fenouil de Florence 300 200 4 5
Dans 100 grammes
Fèves 620 à 750 40 à 115 6 10
Dans 1 gramme
Fraisier 600 800 à 2500 3 6
Dans 100 grammes
Haricots 625 à 850 75 à 800 3 8
Dans 1 gramme
Laitue 430 800 5 9
Lentille large 790 14 4 9
Mâche commune 280 1000 5 10
Melons 360 35 5 10
Moutarde noire 600 800 5 8
Moutarde blanche 750 200 4 10
Navet 670 450 5 10
Ognon 500 250 2 7
Oseille 650 1000 4 7
Panais 200 220 2 4
Perce-pierre 120 350 1 3
Persil 500 350 3 9
Piment 450 150 4 7
Pissenlit 270 1200 à 1500 2 5
Poireau 550 400 3 9
Poirée 250 60 6 10
Dans 10 grammes
Pois 700 à 800 20 à 55 3 8
Dans 1 gramme
Pourpier 610 2500 7 10
Radis 700 120 5 10
Raiponce 800 25000 5 10
Rhubarbe 80 à 120 50 3 8
Salsifis 230 100 2 8
Scolyme 125 200 3 7
Scorsonère 260 90 2 7
Tétragone 225 10 à 12 5 8
Thym 680 6000 3 7
Tomate 300 300 à 400 4 9

Calendrier de culture potagère

Nous donnons sous ce titre un résumé des diverses occupations auxquelles le jardinier peut se livrer pendant chaque mois de l’année. Ces indications ne devront pas le dispenser de chercher aux articles consacrés à chaque culture pour se renseigner plus complètement ; elles ont seulement pour but de lui mettre sous les yeux un mémento qui lui rappellera quels sont les travaux à exécuter à telle ou telle époque de l’année.

Comme elles se rapportent au climat de Paris, l’horticulteur saura, le cas échéant, les modifier lui-même suivant les circonstances.

Janvier

Les travaux qu’on exécute pendant ce mois sont surtout relatifs à la culture forcée. L’horticulteur doit monter de nouvelles couches et donner ses soins à celles qui ont été précédemment ensemencées : il remanie les réchauds et aère de temps en temps les plants, repique ceux qui sont assez vigoureux, récolte les légumes propres à être consommés. Il peut aussi semer, pour la culture des primeurs : les asperges, les carottes hâtives, le cerfeuil, quelques variétés de chicorées endives telles que la chicorée fine d’été, ainsi que quelques chicorées sauvages à couper, les choux hâtifs cabus et les choux hâtifs de Milan, les choux-fleurs hâtifs, le crambé, le cresson alénois, les épinards, les fèves précoces, les fraisiers, les variétés les plus hâtives de haricots, de laitues, de concombres et de melons. On choisira de préférence pour ces derniers le melon Cantaloup Prescott très hâtif à châssis et le melon Cantaloup noir des Carmes. On sèmera aussi les plus précoces variétés de navets, d’ognons, de poireaux, de pois, de radis et de tomates ; on plantera des pommes de terre.

En cave, les meules à champignons pourront être lardées.

Pour la culture en pleine terre, on ne peut guère semer que l’ail ordinaire, le cerfeuil bulbeux, les ognons, le panais, le persil, les fèves et les pois hâtifs ; encore est-il nécessaire, surtout pour ces deux derniers légumes, que les semis soient faits à bonne exposition.

Février

Les travaux généraux qu’on pratique en février sont la continuation de ceux du mois de janvier. Les couches qui ont déjà pro- duit sont retournées et montées à nouveau, en ajoutant une certaine quantité de fumier neuf. Les semis de primeurs sont les mêmes que dans le mois précédent.

Les cultures faites en pleine terre sont assez nombreuses. C’est l’époque de la plantation des griffes d’asperges, des semis d’asperges, de carottes hâtives, de céleri petit, de chicorées sauvages, dé choux, de ciboule et de ciboulette, de cresson de fontaine et de cresson alénois, d’épinards, de laitues et de romaines de printemps, de poireaux, de radis hâtifs et de scorsonères ; de la plantation des bulbes d’échalote, des tubercules de crosne et de topinambour.

Mars

À partir de mars, la culture sur couche perd peu à peu de son importance pour faire place à la culture naturelle. On peut néanmoins semer sous châssis un certain nombre de légumes ; tels sont : l’artichaut, l’aubergine, le cardon, les céleris, les chicorées, les choux cultivés et les choux-fleurs, les courges, les concombres, les fraisiers, les haricots, les laitues et les romaines, les melons, les navets, les pissenlits, les poireaux, les pommes de terre, les radis, la tétragone et les tomates. En cave, on larde les meules à champignons. Vers la fin du mois on peut découvrir un certain nombre de légumes, comme les artichauts, abrités jusqu’à ce moment et qui pourront, dès lors, supporter la température extérieure ; on repique aussi tous les plants suffisamment forts qu’on avait placés sur couche.

En pleine terre on peut déjà semer ou planter presque tous les légumes. Nous citerons : l’ail, l’arroche, les asperges, les carottes le cerfeuil, les chicorées, les choux cultivés, les choux de Bruxelles, les choux-fleurs, les choux-raves, la ciboule, la ciboulette, les cressons, le crosne, les échalotes, les épinards, les fèves, les fraisiers, l’igname, les laitues pommées et les romaines, les lentilles, les navets, les ognons, l’oseille, le panais, le persil, les pissenlits, les poireaux, les pois, les pommes de terre, les radis, le raifort, le salsifis, la scorsonère, la tétragone et le topinambour.

Avril

En avril les gelées ne sont ordinairement plus à craindre, aussi peut-on donner fréquemment de l’air aux plants qu’on élève sur couche. On pratique encore sous châssis et sur couche quelques semis d’aubergines, de cardons, de chicorées, de concombres, de courges, de haricots, de melons, de piments et de tomates. On continue à repiquer les plants assez vigoureux pour supporter celte opération ; on taille les concombres, les courges et les melons. Les meules à champignons peuvent être lardées en cave.

Les travaux de pleine terre consistent en éclaircissages, binages, sarclages et bassinages. On repique les légumes provenant de semis en pleine terre ; on plante des œilletons d’artichauts, des griffes d’asperges, des tubercules de crosne et de pommes de terre, de l’estragon ; on sème un certain nombre de légumes : arroches, betteraves, carottes, céleris, céleris-raves, cerfeuil, chicorées, choux, choux-fleurs, choux-navets, choux-raves, ciboules, civettes, cresson alénois, cresson de fontaine, épinards, fèves, fraisiers, haricots à bonne exposition, igname, laitues, lentilles, moutarde blanche, navets, ognons, oseille, panais, persil ordinaire, persil à grosse racine, pissenlits, poireaux, poirée, pois, pommes de terre, radis, raifort, rutabagas, salsifis, scorsonère, tétragone, thym, tomates. Il faut avoir soin de rechercher pour les détruire tous les insectes nuisibles.

Mai

Dans ce mois les couches ne sont guère utilisées que pour planter la patate, semer les concombres, les melons et les chicorées, encore ces dernières n’ont-elles pas besoin d’être abritées par des châssis. L’horticulteur est surtout occupé par les travaux de pleine terre. Il plante les œilletons d’artichaut, les pieds d’estragon, les tubercules de pommes de terre ; il sème l’arroche, les asperges, les bette- raves, les cardons, les céleris, le céleri-rave, le cerfeuil, les chicorées d’été, les scaroles, les chicorées sauvages à grosse racine, les chicorées pour barbe-de-capucin et witloof, les chicorées améliorées, les choux, les choux-fleurs, les choux-navets, les choux-raves, la ciboule, les concombres, les cressons, les épinards, les fraisiers, les haricots, les laitues pommées et les romaines, les lentilles, les melons, les navets, l’oseille, le persil, les pissenlits, les poireaux, la poirée, les pois, le pourpier, les radis de printemps, d’été et d’hiver, le salsifis, la scorsonère, la tétragone, le thym.

Juin

En juin, les seules plantes qui occupent les couches sont les aubergines, les melons, les patates et les champignons en cave ; aussi les travaux de pleine terre sont-ils à ce moment les plus assujettissants. Les arrosages surtout doivent être souvent répétés à cause de la chaleur qui fait rapidement évaporer l’eau ; le sol durci par les arrosements successifs doit lui-même être biné de temps à autre. Les semis à effectuer à cette époque sont encore relativement nombreux ; on sème l’arroche, les betteraves, les cardons, les carottes, les céleris à côtes, le cerfeuil, les chicorées d’été et les scaroles, les diverses sortes de chicorée à grosse racine, les choux, les choux-fleurs, les brocolis, les choux-navets, les choux-raves, la ciboule, les concombres, les courges, les cressons, les épinards, les fraisiers, les haricots, les laitues pommées, les romaines et les laitues à couper, les lentilles, les mâches, les navets, l’oseille, le persil, les pissenlits, les poireaux, la poirée, les pois, le pourpier, les radis, la raiponce, les rutabagas, le salsifis, la scorsonère, le thym.

Juillet

Les soins à donner aux légumes pendant le mois de juillet sont les mêmes que pendant le mois de juin ; les arrosages doivent encore être plus nombreux, car la chaleur est généralement plus forte. On continue à larder les meules à champignons et à semer en pleine terre les carottes, les cerfeuils, les chicorées endives et les chicorées sauvages, les choux qu’on récoltera l’année suivante, les brocolis, les choux-navets, les choux-raves, la ciboule, les concombres, les cressons, les épinards, les fraisiers, les haricots, les laitues, les mâches, les navets, les ognons, l’oseille, le persil, les pissenlits, les poireaux, la poirée, les pois, le pourpier, les radis d’été et d’automne, la raiponce, la scorsonère et le thym.

Août

Les opérations de culture du mois d’août sont absolument les mêmes que celles des mois précé- dents, mais si la température est moins élevée qu’en juillet les arrosements seront moins fréquents. Comme toujours on peut larder en cave les meules à champignons. Les semis de pleine terre sont moins nombreux ; on sème cependant la carotte, le cerfeuil commun, le cerfeuil bulbeux, les chico- rées, les choux cultivés, les choux-fleurs, les brocolis, la ciboule, le cresson alénois, les épinards, les fraisiers, les laitues d’hiver et les laitues de printemps, les mâches, les navets, les ognons, l’oseille, le persil, les pissenlits, les poireaux, la poirée, le pourpier, les radis d’hiver, la raiponce et la scorsonère.

Septembre

À partir de septembre, les semis de pleine terre se rapportent à un nombre plus restreint de légumes. Les soins généraux applicables à ceux qui sont encore en végétation sont toujours les mêmes : sarclarges, binages, arrosages. On sème encore les carottes, le cerfeuil ordinaire et le cerfeuil bulbeux, les chicorées endives (qu’on abritera par des châssis quand viendront les froids), les choux, les choux-fleurs, le cresson alénois, les épinards, les mâches, les navets, les ognons hâtifs, l’oseille, le persil, les poireaux, les radis ; on plante les fraisiers et on larde les meules à champignons.

Octobre

Pendant le mois d’octobre, on sème encore quelques légumes en pleine terre. Nous citerons : le cerfeuil ordinaire, le cerfeuil bulbeux, les choux-fleurs, le cresson alénois, les épinards, les fraisiers, les laitues (qui devront être abritées à l’aide de châssis), l’oseille, le persil, les pois nains (qu’on aura soin de préserver contre la gelée à l’aide de coffres), les radis. On plante aussi les bulbes des ails et des échalotes ; on larde les meules à champignons ; on butte les céleris et on empaille les cardons pour les faire blanchir.

Novembre

En novembre, la culture sur couche devient plus nécessaire. On sème pour les forcer : les carottes, le cerfeuil, la chicorée sauvage, les choux-fleurs, le cresson alénois, les épinards, les laitues, les pois, les radis. En pleine terre, on plante les bulbes d’ail et d’échalote, on sème le cerfeuil commun, le cerfeuil bulbeux, les fèves, les laitues et les pois. Pour les semis de pois, on emploie de préférence le pois Michaux. Les meules à champignons peuvent être lardées.

Les soins particuliers consistent à butter les artichauts, a faire blanchir les céleris, à lier les scaroles et les chicorées. On en jauge aussi les céleris-raves, les choux pommés ; on empaille les cardons et on les rentre dans la serre à légumes s’il fait froid ; on rentre les choux-fleurs ; on fume les asperges ; on rentre les légumes racines qui craignent les températures basses.

Décembre

En décembre, les travaux de culture forcée sont les plus importants ; le jardinier monte des couches pour les nouveaux semis ; il aère de temps en temps les jeunes plants en végétation. Chaque soir, il couvre ses châssis de paillassons qu’il retire le matin.

Les semis qui peuvent être pratiqués sur couche à cette époque sont, en outre du lardage des meules à champignons, les semis de carottes, de cerfeuil, de chicorée sauvage, de concombres, de fèves, de haricots hâtifs, de laitues à couper, de melons, de poireaux, de pois nains hâtifs, de radis hâtifs. On peut aussi planter la pomme de terre Marjolin hâtive.

En pleine terre, on doit couvrir de litière les légumes qui passeront l’hiver en place ; les semis sont entièrement suspendus.


[2] Pour la formation des espaliers,voir Arboriculture pratique, par Troncet et Deliège. (Même librairie).

[3] Les éléments constitutifs du sol sont l’argile, la silice et le calcaire. L’humus ou terreau provient de la décomposition des matières végétales ou animales.