Les poireaux
Allium ampeloprasum var. porrum

Fleuron

L'école du jardin potager, par De Combles, né à Lyon, à vécu à Naples, mort en 1770. 6e édition réalisé par Louis du Bois en 1822, 1ere édition 1752

Cette plante, que les uns nomment poireau et d'autres porreau, forme un corps droit, uni et compacte, qui est composé de feuilles pressées et collées les unes sur les autres, et tournées en rondeur de la grosseur du doigt ; elle s'élève à près d'un pied et demi ; et conserve même consistance à 6 ou 8 pouces de terre ; elle se développe ensuite, et jette des feuilles, dont les pointes se replient contre terre, lesquelles sont longues, étroites et formées en gouttière, d'un vert bleuâtre, lisses et assez épaisses, portant une odeur forte et peu agréable. Tout ce qui est en terre vient blanc et tendre, et c'est le meilleur : le surplus est vert ; cependant on l'emploie comme le pied, tant qu'il a consistance. Sa racine n'est qu'un groupe de filaments blancs et fort multipliés, à peu près comme ceux de l'ognon.

C'est dans les soupes essentiellement qu'il est employé, et c'est une des plantes dont on se sert le plus communément : on en mêle aussi dans les purées de pois, et dans les étuvées ; mais il n'est pas ordinaire d'en faire aucun apprêt particulier. Il ne serait pas même sain d'en faire un trop grand usage, étant certain qu'il engendre des ventosités et de mauvaises humeurs : on l'accuse encore de produire d'autres effets extraordinaires pendant la nuit ; mais je ne le dis que d'après quelques auteurs qui ne font pas la loi, et sans autre certitude que leur témoignage.

Ses propriétés pour la médecine sont fort au-dessus de ses usages pour la vie ; il est apéritif, résolutif et béchique : c'est un des plus souverains remèdes dans la pleurésie. On fait cuire sous la cendre, dans une feuille de chou, une ou deux poignées du blanc, qu'on applique sur le côté ; ou bien, on le fricasse dans la poêle avec de bon vinaigre. Cru ou pilé, ou bouilli légèrement et appliqué sur les tumeurs des articles, il les dissipe. Les bouillons aux porreaux et aux navets sont bons pour l'extinction de la voix et les faiblesses de poitrine ; on en fait encore un sirop, favorable aux pulmoniques. La semence est aussi apéritive que la plante ; on en donne, pour les mêmes maladies, un gros, qu'il faut concasser et faire infuser dans un verre de vin. Les feuilles cuites et appliquées sur les hémorroïdes enflées, les détendent et emportent l'inflammation. J'ai lu qu'une poignée de sa graine mise dans un tonneau de vin l'empêchait d'aigrir, et corrigeait l'aigreur, quand il y en avait ; mais je n'en ai pas fait l'expérience.

Il y a deux espèces de porreau, le long et le court, qui n'ont d'autre différence entre eux que la longueur. Le long cependant est le plus cultivé, parce qu'il fournit davantage par sa longueur ; mais aussi le court a le mérite de mieux résister aux gelées ; et, pour la fin de l'hiver, on doit toujours le préférer ; il a encore cet avantage que le ver ne s'y attache pas tant. Le long doit occuper la scène jusqu'aux gelées.

Ces deux espèces proviennent, suivant toute vraisemblance, du porreau sauvage, qu'on trouve communément dans les vignes ; c'est la culture qui les a perfectionnées comme elles le sont.

On les cultive fort aisément ; la graine se sème au mois de mars dans une terre meuble et bien préparée : on la herse après l'avoir semée, et on la terreaute ; mais on la marche préalablement, pourvu que la terre soit saine ; on la mouille pour aider la semence à lever, et on continue suivant le besoin. On sarcle exactement le plant, et on le replante à la fin de juin, quand il est de la grosseur d'une plume à écrire, ou un peu plus ; mais, si on veut l'avancer, on peut le planter dans les premiers jours de ce mois.

On dresse les planches de telle largeur qu'on veut ; et on observe de mettre les rangs à six pouces (16 cm) l'un de l'autre, et d'espacer les pieds de quatre pouces (10 cm) seulement. Il faut d'abord avoir mouillé la planche avant que de l'arracher, pour la facilité de le tirer ; on coupe ensuite la moitié de la fane et toute la racine, le plus près qu'on peut du talon. Après cette petite préparation, on le plante au plantoir, qu'on enfonce à six pouces, et dans chaque trou on fait couler un porreau, sans presser aucunement la terre contre le pied : on l'arrose amplement aussitôt après, et l'eau qui descend dans les trous entraîne autant de terre qu'il en faut pour le moment. On continue de deux en deux jours ; car c'est une des plantes qui demandent le plus d'eau. Il reprend bientôt, et si facilement que trois jours après on voit allonger la feuille ; quelque temps après on le serfouit, et on lui rogne ses feuilles deux ou trois fois pendant l'été [1]. Cette petite façon contribue beaucoup à faire grossir le pied : il profite jusqu'au commencement de novembre ; mais si on veut en manger plus tôt, il est également bon ; et nos maraîchers, qui ont l'art de l'avancer, en portent d'assez gros au marché dès le mois de juillet. Dans quelques provinces on le mange tout vert dans sa première jeunesse, sans avoir été replanté, et on le préfère à celui qui est blanc : chacun peut se satisfaire à cet égard, le goût est le même en tout temps.

Aux approches de janvier, on arrache la grande espèce, qui est fort sujette à périr sur pied, et ou l'enterre après dans une petite tranchée, qu'on couvre de litière pendant les gelées ; mais on laisse le court en place, parce qu'il résiste aux mauvais temps, et qu'il se conserve bon jusqu 'à ce qu'il monte en graine, c'est-à-dire jusqu'au mois de mai. On a soin cependant d'en arracher certaine quantité qu'on enterre dans la serre, pour fournir pendant les gelées, si on n' a pas de la grande espèce enfermée.

On marque après l'hiver la quantité qu'on veut laisser monter en graine, et on détruit le surplus si on en a trop. Il commence au mois de mai à pousser sa tige, qui s'élève à quatre ou cinq pieds, et qui porte à son extrémité une espèce de houppe très grosse, garnie dans toute sa circonférence de fleurs purpurines, formées en clochettes, auxquelles succède une coupe triangulaire, qui renferme la graine dans trois loges séparées. Cette graine est de couleur noire, figurée à peu près comme celle de l'ognon, mais plus grosse ; on la coupe quand les coques commencent à s'ouvrir, et on la met sur un drap, pour achever de mûrir. Celle qui se détache naturellement est la meilleure ; et pour tirer l'autre, on la met dans une manne d'osier, et on la frotte contre les bords ; on la vanne ensuite, et on l'enferme. Elle est bonne pendant 2 ans ; mais si on la garde dans sa coque, attachée à un plancher, comme quelques-uns le font pour l'ognon, elle se conserve trois ou quatre ans.

Comme cette plante use extrêmement la terre, elle demande, après, une bonne fumure, pour pouvoir produire autre chose ; elle est fort sujette aussi dans certaines années à être mangée par un petit ver blanc, qui s'engendre dans le cœur, à quoi on ne saurait remédier. On regarnit à mesure qu'il en périt, et on a attention pour cet effet de conserver toujours un peu de plant. Le ver de hanneton en détruit aussi quelquefois : on peut empêcher le progrès du mal, en le cherchant au pied de la plante, comme je l'ai dit pour beaucoup d'autres.


[1] Ce procédé et celui de couper la racine, lorsqu'on replante le porreau, peuvent être sans inconvénient sensible dans les années humides, et lorsque le terrain est très gras. Dans toutes les autres circonstances, il faut s'abstenir des amputations, qui fatiguent les plantes et empêchent un accroissement qu'on prétend faussement accélérer.

Fleuron

La culture maraîchère, par J. G. Moreau et J. J. Daverne, maraîchers parisiens, 1845

Plante de la famille des liliacées et du genre ail ; elle a pour base un plateau produisant des racines simples en dessous et en dessus des feuilles en lame d’épée, longues d’environ 40 à 50 centimètres, s’emboîtant par en bas. et formant une espèce de tige. Quand cette plante monte en graine, il sort d’entre ses feuilles une hampe droite, haute d’environ 1 mètre, terminée par une boule de fleurs verdâtres auxquelles succèdent de petites capsules contenant les graines. Avec la même graine et en la cultivant de trois manières différentes, nous faisons trois sortes de poireaux qui ont chacune leur nom en culture maraîchère : c’est la tige formée de feuilles que l’on mange dans le poireau.

Poireau court

Du 15 au 20 septembre, on laboure et on sépare par des sentiers autant de planches qu’on en veut semer en porreau : on sème la graine sur ce labour ; mais, comme ce porreau ne doit pas être repiqué, il faut la semer fort clair ou faire en sorte que chaque graine se trouve à environ 5 centimètres l’une de l’autre. Pour arriver à ce résultat, nous employons 92 grammes de graine pour semer 56 mètres superficiels. Quand la graine est semée, on herse avec une fourche pour l’enterrer et briser les mottes, ensuite on plombe le tout ; on peut semer un peu de mâche après que la terre est plombée, le coup de râteau qu’il faut donner ensuite, pour égaliser la surface de la terre, enterrera suffisamment la graine de mâche ; après quoi, il n’y a plus qu’à répandre sur le tout l’épaisseur de 12 ou 15 millimètres de terreau fin : on sent bien que, si la saison est sèche, il faut mouiller pour aider la germination. Si après la levée le plant paraissait trop dru dans quelques endroits, il faudrait arracher ce qui gêne, pour que chaque porreau eût suffisamment de place pour se développer. Dans le courant de l’hiver, les mâches seront cueillies et vendues ; en mars et avril, on s’opposera à la croissance des herbes dans les poireaux ; on les arrogera souvent si le temps est sec et assez chaud, et dans la première quinzaine de mai les porreaux seront bons à être vendus. Ce porreau est petit et n’a pas beaucoup de blanc, mais il est cependant recherché comme primeur, et parce qu’en mai les porreaux de l’année précédente sont tous montés.

Poireau long

Du 20 au 30 décembre, on fait une couche haute de 48 à 54 centimètres et longue en raison de la quantité de graine que l’on veut semer, avec moitié de fumier neuf et moitié de vieux fumier que l’on mêle bien ensemble. On place un ou plusieurs coffres sur cette couche, on apporte dans ces coffres du terreau en quantité telle que, quand il est bien répandu dans tout un coffre, il y en ait l’épaisseur d’environ 8 centimètres ; on sème sur ce terreau de la graine de porreau très dru, c’est-à-dire 61 grammes pour chaque panneau de châssis, on recouvre la graine de quelques millimètres de terreau, on plombe le tout avec le bordoir, on place les châssis sur les coffres et on couvre avec des paillassons jusqu’à ce que la graine soit levée, ce qui arrive au bout de sept ou huit jours. Quand la graine est levée, tous les soins à lui donner consistent à la faire jouir de la lumière dans le jour, et de l’air quand le temps le permet, et de la couvrir la nuit pour la mettre à l’abri de la gelée. À la mi-mars, le plant doit être bon à planter : alors on laboure la terre qu’on lui destine, on la dresse en planches, on les plombe, on y passe le râteau et on y étend 15 millimètres de terreau ; ensuite on arrache le plant de porreau, on lui raccourcit les racines à la longueur de 2 centimètres, on lui coupe le bout des feuilles de manière que le plant n’ait plus que 18 centimètres de long. Alors on prend un plantoir et on le plante dans les planches préparées à 8 ou 9 centimètres de distance, avec ! a précaution de faire les trous bien perpendiculaires et d’enfoncer le porreau de manière à ce qu’il ne reste que 5 ou 4 centimètres hors de terre, car plus le porreau est enterré plus il y a de blanc et plus il a de prix ; aussitôt qu’il est planté, il faut l’arroser, et, quand la sécheresse survient, le soutenir à la mouillure ; étant bien suivi, il est bon à livrer à la consommation dès la fin de mai et le commencement de juin : les maraîchers l’appellent porreau du printemps et porreau nouveau.

Poireau d’automne

Dans le courant de mars, on laboure une planche, on la herse, on y sème la graine de porreau assez dru qu’on enterre par un second hersage à la fourche, on la plombe et on la couvre d’un lit de terreau épais de 15 millimètres. S’il survient des hâles sans gelées, on arrose pour aider à la germination ; ensuite, quand le temps est devenu tout à fait doux, on arrose pour activer la végétation. Au commencement de juin, le plant, est assez fort pour être planté à demeure ; alors on laboure, on dresse des planches et ou y plante ce jeune plant, en le traitant absolument comme nous l’avons dit en parlant tout à l’heure du porreau long, avec cette différence que, le porreau d’automne devant supporter toute la chaleur de l’été, il doit être arrosé beaucoup plus abondamment et recevoir quelques binages dans sa jeunesse. Ce porreau est livré à la consommation dans le courant de l’automne et pendant tout l’hiver : il s’en fait une immense consommation.

Le poireau passant bien l’hiver en pleine terre, on en laisse sur place la quantité que l’on veut, et il monte au printemps ; il fructifie absolument comme l’oignon, et ses capsules se traitent de même : sa graine est noire comme celle de l’oignon, mais un peu plus petite, plus pointue d’un bout et moins anguleuse ; elle germe également pendant trois ans.

Fleuron

Le jardin potager par Alexandre Ysabeau, médecin et agronome, né à Rouen, 1863

Quoiqu'il soit moins usité que l'oignon, le poireau est d'une indispensable utilité, ne fût-ce que comme accompagnement du pot-au-feu. On sème la graine de poireau en pépinière, soit seule, soit, comme on l'a dit ci-dessus, en mélange avec la graine d'oignon. Deux espèces sont admises dans la culture maraîchère, le poireau long commun et le gros court, de Rouen. Le plant est mis en place en lignes, à la distance de 5 à 7 centimètres en tous sens ; la reprise est assurée, pour peu que le plant ait été bien habillé, selon l'expression reçue, c'est-à- dire pourvu qu'on ait retranché le sommet des feuilles et environ la moitié de la longueur des racines. Il ne faut pas semer toute la graine de poireau en même temps, afin d'avoir du plant bon à mettre en place à deux reprises, en mai et en juin. Le poireau transplanté de bonne heure doit être débité à la fin de l'automne et au commencement de l'hiver ; s'il était conservé plus tard, il ne gèlerait pas, car le froid n'a aucune prise sur cette plante ; mais il monterait et formerait des tiges florales de très bonne heure au printemps, ce qui lui ôte ses propriétés alimentaires. Celui qu'on transplante plus tard n'est pas aussi disposé à monter prématurément ; toutefois, il y a toujours au printemps et au commencement de l'été une période pendant laquelle le poireau manque sur les marchés, parce que ceux de l'année précédente sont tous montés, et que ceux de la nouvelle récolte n'ont pas encore leur grosseur normale. On peut obvier en partie à cet inconvénient en semant, au commencement de septembre, un peu de graine de poireau ; ces semis tardifs doivent être très clairs. Le plant est sarclé et éclairci quand on le juge trop épais. Il passe ainsi l'hiver sans être transplanté, et ne devient jamais très gros ; mais au printemps de l'année suivante, il ne monte que beaucoup plus tard que les autres, de sorte qu'il alimente le marché, en attendant que ceux qu'on a transplantés les premiers au printemps soient prêts pour la vente.

CULTURE DES PORTE-GRAINES

Le poireau monte en graine au printemps de sa seconde année. On laisse en place comme porte-graines quelques-uns des pieds les plus vigoureux; la rusticité de leur tempérament leur permet de passer l'hiver à l'air libre, sans aucune protection. Les tiges florales ont besoin, comme celles de l'oignon, d'être soutenues par des tuteurs ; on conserve les graines dans leurs capsules ; elles sont épluchées seulement au moment de les semer.

Fleuron

Manuel pratique de culture maraîchère par Courtois-Gérard, marchand grainetier, horticulteur, Paris, 1863

Synonymies vulgaires : Poirée, Porreau, Porette ; allemande, Lauch ; anglaise, Leek.

Plante bisannuelle, originaire des Alpes, introduite dans la culture en 1562.

On cultive à Paris deux variétés de Poireau, le gros court de Rouen et le long. On sème le Poireau gros court de Rouen, plus hâtif que le Poireau long, vers la fin de décembre ou le commencement de janvier, sur couche et sous panneaux. A cet effet, on prépare une couche d'environ 40 centimètres d'épaisseur, dont la chaleur soit de 15 degrés; on entoure le coffre d'un réchaud de fumier, puis on charge la couche de 10 centimètres de terreau. Il faut environ 100 grammes de graines par coffre.Vers la fin de février ou au commencement de mars, on repique le plant en pleine terre. On trace vingt-cinq à trente rangs par planche; après quoi on arrache le plant, on raccourcit les racines et on rogne l'extrémité des feuilles supérieures; puis on le repique à 10 centimètres de distance sur la ligne, en ayant soin d'enfoncer ce plant profondément, car plus le Poireau est enterré, plus il a de blanc. On arrose au besoin. Ordinairement, ces Poireaux sont bons à récolter dans les premiers jours de juin.

En février ou mars, on sème en pleine terre et à la volée; il faut environ 100 grammes de graines par are. On repique le plant vers la fin d'avril, c'est-à-dire lorsqu'il est assez fort ( dans les cultures en plein champ on sème à la même époque, mais immédiatement en place) ; puis on fait, en juillet, un autre semis qu'on repique au commencement de septembre. Quelle que soit d'ailleurs l'époque du semis, le repiquage a lieu comme nous l'avons précédemment indiqué; seulement on trace quelques rangs de moins par planche, car ces Poireaux sont destinés à devenir beaucoup plus forts que ceux qu'on a repiqués en février. Dans la seconde quinzaine de septembre, on fait un dernier semis, mais très-clair, car alors on ne repique pas le plant. Ce Poireau est bon à récolter en juin.

Fleuron

Le petit jardin potager par Maurice Rivoire, grainetier à Lyon, 1869

On le sème de février à mai en planche, pour être repiqué en lignes espacées entre elles de 15 à 25 centimètres, et les plançons de 5 à 10 centimètres, selon la grosseur que l'on désire obtenir. Si l'on tient à avoir longue et blanche la partie qui est dans la terre, quelque temps avant l'arrachage on fait une raie à côté des lignes et on couche les poireaux dedans en les recouvrant de terre, toutefois en laissant de l'air à la plante. Celui de Nîmes est le plus gros et le plus précoce. Celui de Rouen est également très gros, mais plus rustique ; il résiste mieux aux gelées.

Fleuron

Guide pratique du jardinier français de Philippe Desmoulins, horticulteur région parisienne, 1881

Originaire de Suisse. Bisannuel. Le Poireau offre plusieurs variétés dont les principales sont : le Poireau long ordinaire, très bon pour le semis de pleine terre ; le gros court, propre seulement aux semis de printemps ou de couches sous le climat de Paris ; le gros court de Rouen qui, en Normandie, parvient quelquefois à la grosseur du bras ; le jaune du Poitou ; P. monstrueux de Carentan, très gros et très rustique. On sème dru le Poireau en février, mars et juillet, en terre substantielle, amendée de préférence l'automne précédent, avec du fumier de cheval ou de mouton, avec du marc de raisin, de la charrée, et non pas avec le fumier frais des bêtes à cornes ; on replante, dès que l'individu a acquis la grosseur d'un tuyau de plume, dans des rayons profonds d'environ 12 cm et distants les uns des autres de 15 à 16 cm, après avoir coupé l'extrémité des feuilles et des racines ; arrosages fréquents pendant les sécheresses ; sarclage. Quelques jardiniers coupent jusqu'à 5 ou 6 fois les feuilles des Poireaux, en été, afin de leur donner de la force.

Pour forcer le Poireau, on le sème sur couche et sous châssis à la mi-décembre avec réchauds et couvertures; on le replante en février ; on le livre à la consommation en juillet. Il faut arracher et replanter dans des tranchées profondes les pieds qui montent trop vite au printemps. La graine provient des nouvelles plantations faites aussi en mars et garde ses propriétés germinatives deux années de suite; on la conserve enfermée dans les têtes. Le Poireau bien formé ne gèle pas ; mais un froid même peu rigoureux détruit le jeune plant.

Fleuron

Le potager moderne, par Gressent, professeur de la Sorbonne, d'arboriculture et d'horticulture, jardin-fruitier école dans le Val d'Oise, 1895

Nous cultiverons quatre variétés seulement de poireaux, les plus belles et les plus fertiles. C’est suffisant pour obtenir à coup sûr les meilleurs et les plus abondants produits.

Pour le Nord, l’Est ; l’Ouest et une partie du Centre :

Poireau long d’hiver. – Variété des plus rustiques, résistant le mieux au froid, et ayant l’avantage d’avoir le pied (la partie blanche) d’une grande longueur. Précieux pour les semis de juin et juillet.

Poireau jaune du Poitou. – Très gros, vert blond, et un peu court, superbe et excellente variété pour les semis de printemps ; il est assez hâtif, mais ne supporte pas aussi bien le froid que le précédent.

Poireau de Rouen. – Très gros, excellent, résistant bien au froid, et ayant l’avantage de monter difficilement à graine, et d’être très longtemps bon à consommer, surtout au printemps. C’est la variété de fond pour tous les potagers. Semer au printemps et en juin et juillet.

Poireau monstrueux de Carentan. – C’est le monstre de l’espèce, ayant les qualités des précédents. La grosseur moyenne du poireau de Carentan est celle d’un manche de bêche. À cultiver partout et dans tous les potagers. Semer au printemps et en juin et juillet ; il passe bien l’hiver.

Le poireau demande une terre substantielle, un peu argileuse ; il aime les fumures assez décomposées. Nous le sèmerons à deux époques, pour en faire deux saisons ; cela est suffisant pour n’en jamais manquer.

On sème le poireau en mars, et en juin et juillet, dans le carré D. Les semis de mars seront repiqués dans le carré B, pour faire des poireaux d’automne, et ceux de juin et juillet dans le carré A, pour faire des poireaux à consommer pendant l’hiver et Le printemps, lorsque le plant aura acquis la grosseur d’un tuyau de plume. On coupe l’extrémité des racines et les plus grandes feuilles, et l’on repique en planches, ou bien on contre-plante dans d’autres cultures.

Pour obtenir des poireaux très blancs, il faut repiquer très creux, à la profondeur de 10 à 12 centimètres. On repique en lignes distantes de 25 à 30 centimètres et, en donnant le second binage, on ramène la terre au pied, pour les butter un peu. Cette opération augmente sensiblement la longueur de la partie blanche.

Quand on a besoin d’une grande quantité de poireaux, on repique en planche dans le carré B, après une récolte de salade ou de grosses fraises. On laboure profondément la planche ; on y établit des rebords pour retenir l’eau des arrosages ; on pose des piquets à 25 centimètres de distance entre eux, et à 10 centimètres des bords. On pose le cordeau sur ces piquets, et l’on trace des lignes avec le rayonneur. On repique les poireaux sur ces lignes en quinconce, et à une distance de 10 centimètres. On bine souvent, on butte un peu au second binage et l’on arrose copieusement. Les poireaux mis en place, en planche, en mai, sont bons à récolter dans le courant de l’été et à l’automne.

Si l’on n’a pas l’emploi d’une grande quantité de poireaux, on les contre- plante dans les carrés A et B : dans le carré A, entre des choux-fleurs, des artichauts d’automne, etc. ; dans le carré B, entre des salades, etc. Les semis de juin et juillet se mettent en place en août et septembre, en planche, dans le carré A, pour récolter pendant l’hiver et au printemps, ou se contre-plantent dans le même carré, entre les choux de dernière saison,etc.

On choisit pour porte-graines les poireaux les plus gros ; on les laisse monter en place, et on soigne la tige et la graine comme pour l’oignon.

Fleuron

Le Jardin potager, par L.-J. Troncet, 1910

Comme beaucoup de nos légumes, le poireau est une plante bisannuelle, qu'on cultive comme si la durée de sa végétation n'était que d'un an ; la partie qu'on emploie en cuisine est celle qui se trouve enfoncée dans le sol ; elle est d'une couleur blanche qui contraste avec la couleur verte des feuilles.

Culture

Le poireau s'accommode particulièrement d'un terrain frais et humide, fumé au moyen de fumier consommé. On le reproduit de semis, qu'on pratique habituellement à la volée en fin février ou au commencement de mars ; on éclaircit après le développement des graines ; on repique ordinairement en mai au plantoir, assez profondément pour augmenter la longueur de la partie utile, en laissant entre les plants une distance de 25 centimètres environ dans les deux sens, puis on arrose abondamment. Les principaux soins à donner pendant la culture consistent en binages, sarclages et arrosages. On peut commencer la récolte au mois d'août, mais si l'on a pris soin de semer sur couche en février, on obtient des poireaux dès le mois de juin. La couche dont on se sert pour cette culture doit avoir 40 centimètres environ d'épaisseur et produire une chaleur de 15 degrés. On repique le semis en pleine terre en fin février ; les travaux sont ensuite les mêmes que ceux de la culture en pleine terre.

Variétés

Les principales variétés de poireaux sont :

Le poireau long, qui craint peu le froid et présente une partie blanchie relativement longue ; on pratique souvent un léger buttage pour en augmenter la longueur ;

Le poireau gros court, hâtif, et résistant mal aux gelées ;

Le poireau jaune du Poitou, hâtif, d'un développement rapide ;

Le poireau très gros de Rouen, court mais assez volumineux, rustique, de bonne qualité ;

Enfin le poireau monstrueux de Carentan, variété des plus recommandables.

Porte-graines

Les poireaux qui doivent fournir la graine sont semés en juillet et repiqués au mois de septembre. En hiver, on les préserve des gelées par de la litière ; en septembre suivant, les graines sont généralement mûres. On détache alors les tiges qu'on lie ensemble et on les accroche dans un lieu sec.

Les ennemis du poireau sont les mêmes que ceux que nous avons signalés à propos de l'ognon.

Gilbert Cardon, cours 2014

Les poireaux doivent être planter tôt dans la saison car il sont long à pousser :

Avant le 15 avril tous les semis de poireaux doivent être fait. Si on fait les semis de poireaux dans des bacs, la hauteur mini est de 20 cm, 25 cm préférable.

Les poireaux de lièges regrossissent à la sortie de l'hiver.

On n'est pas obligé d'arracher les poireaux. Ils peuvent se comporter comme des vivaces si on les coupe à 1 cm. Ils repoussent de 1 à 2 cm par jour. Si on coupe un poireau de 30 cm → 1mois après on un un nouveau poireau de 30 cm → avantage moins de maladie car le ver du poireau n'a pas le temps de s'installer.

Un poireau peut donner 3 à 5 poireaux avant de monter en graine.

On n'enterre pas les poireaux (la terre la plus fertile est en surface), mais on les butte si l'on veut du blanc, mais pour la soupe il vaut mieux du vert qui est plus riche que le blanc.

On peu mettre un tuyau en plastic (genre tuyau d'eau) pour les blanchir.

Fleuron