La détermination du nombre d'arbres à planter est sous la dépendance d'un certain nombre de facteurs d'ordre : économiques, techniques et financiers.
La nécessité d'assurer une bonne alimentation C/N (carbone/azote) : aérien & souterraine, constitue de loin, l'élément le plus important, le facteur décisif du rendement.
Des arbres trop serrés se gênent mutuellement au niveau des racines et surtout au niveau de leurs frondaisons.
La lumière solaire est indispensable pour l'assimilation des éléments constitutifs (par photosynthèse chlorophyllienne) c'est le Carbone qui entre pour les 2/5 dans la composition des sucres. Son insuffisance retentit donc fâcheusement sur la qualité des fruits.
La faim de Carbone freine le développement des racines tout en favorisant l'élongation excessive des parties aériennes aux dépens des racines. On aboutit ainsi à un système radiculaire sous développé et incapable de nourrir des parties aériennes anormalement hypertrophiés.
Une bonne alimentation des racines dépend donc étroitement de la bonne nutrition carbonée des parties aériennes.
S'il est nécessaire d'insister sur la nutrition aérienne c'est que son influence sur la production est décisive, or elle reste toujours en dehors des préoccupations de l'arboriculteur. Sans doute elle est naturelle et gratuite mais encore faut-il savoir en tirer profit... Que le feuillage soit placé dans les meilleures conditions de fonctionnement.
La faim de soleil, de carbone, peut se révéler aussi néfaste que la faim de N (azote) dont elle est d'ailleurs la cause essentielle.
Lorsque la densité est calculée d'après les besoins de l'arbre de plein vent à l'état adulte, une bonne partie du terrain se trouve inoccupée pendant la phase de croissance des arbres. S'il n'est pas possible d'effectuer des cultures intercalaires payantes, le rapport à l'hectare s'accroît trop lentement, avec une immobilisation du capital foncier.
Quand les questions de surfaces n'interviennent pas, c'est presque toujours l'importance des investissements qui constitue le principal frein à l'extension des cultures fruitières.
Les frais de création et d'entretien d'un verger accroissent avec la densité des arbres.
Si en doublant la densité les rendements s'en trouvent toujours accrus dans la même proportion au cours des premières années de production, il ne faut pas oublier non plus que les frais de plantation, de taille, de fumure, d'irrigation, etc. provenant de l'utilisation de porte-greffe (sujets) affaiblissants, seront également doubles... à cause de la faiblesse de l'enracinement.
Le bénéfice ne sera donc pas proportionnel au poids des récoltes.
Il faut aussi tenir compte de la faible longévité de production des espèces greffées sur sujets affaiblissants.
Le surpeuplement des vergers est avec le parasitisme qu'il favorise, la grande plaie des cultures fruitières industrielles ; tout comme la multiplication abusive des troupeaux est la pierre d'achoppement de l'élevage, en secteurs arides ou Méditerranéen.
Il faut apprendre à planter moins serré, quitte à devoir effectuer des cultures annuelles intercalaires durant les premières années.
On peut aussi installer des arbres de plein vent (greffés sur franc, sur sa propre espèce) ou des arbres provisoires greffés sur sujet affaiblissants, quoique la pratique des cultures annuelles intercalaires soit souvent préférable.
Lorsque les arbres fruitiers sont plantés à trop forte densité, arrivés à l'âge adulte, la plantation prend parfois l'aspect d'une forêt épaisse, les frondaisons s'enchevêtrent en un dôme continu, qui ne laisse pas filtrer l'air et la lumière.
Les branches basses privées de soleil, se dessèchent et disparaissent peu à peu, ne laissant que des charpentes dénudées.
Toute la végétation et fruits se porte vers la partie supérieure, rendant difficile la cueillette, de sorte que des tailles sévères deviennent indispensables et d'autant plus que les frondaisons enchevêtrées ne facilitent pas la circulation du cueilleur. C'est là que le principe de la taille « ôte ton ombre de la mienne et je te donnerai ma récolte et la tienne » prend toute son importance. Il s'explique lorsque les arbres trop serrés manquent de lumière et de sève. C'est ainsi que les rameaux débiles doivent alors être éliminés, sinon ils deviennent des foyers de parasitisme.
Dans ces vergers, les arbres vont conserver leur aspect naturel en forme de boule étalée. Toutes les parties aériennes reçoivent alors suffisamment de lumière.
Les parties basses sont alors les plus fructifères. Les branches basses portent alors une récolte abondante et facile à ramasser. Il y a alors peu de concurrence au niveau des parties aériennes et des racines.
La taille sur des arbres bien éclairés et bien alimentés est réduite au minimum. En conditions normales, la taille doit se borner à un rôle de nettoyage : suppression des branches mortes, dépérissantes ou débiles, donc à un élagage.
La faible densité de plantation permet aux arbres d'acquérir un très grand volume utile : celui qui est donné par la forme de boule étalée donne le plus grand volume utile exposé à la photosynthèse.
Pour la conservation et vente, les fruits bien exposées à l'air et à la lumière se conservent mieux et se prêteront mieux à des transports lointains. Une bonne aération chasse les excès de d'humidité qui sont très préjudiciables à la qualité et à la conservation des fruits.
D'abord en évitant la faim de carbone et d'azote (C/N) subséquentes en évitant l'élongation des parties aériennes, donc le retard, à la photosynthèse et l'accumulation de micromolécules protéiques (acides aminés) et même d'azote non protéique solubles, qui servent d'excellent substrat alimentaires aux virus et micro-organismes pathogènes. De surcroît le soleil est le meilleur désinfectant, de même que l'air lorsqu'il circule bien.
Il y a faim de carbone lorsqu'il y a une élongation excessive des parties aériennes aux dépend des racines.
Il faut tailler pour compenser le déséquilibre PA hypertrophiées par l'élongation : plus les arbres sont plantés serrés, plus les racines sont sous-développées par le manque de carbone (C), de soleil, de lumière et plus les parties aériennes montent à la verticale.
Si un poirier a été greffé sur cognassier (affaiblissant) ou autre un porte-greffe affaiblissant, les racines ne parviendront pas à suivre le rythme de croissance des parties aériennes. S'ils ne sont pas taillés, les arbres dont la croissance aura été rapide, auront une PA relativement développée soutenue par un système radiculaire très insuffisant. Ils donneront alors des fruits petits et se défendront mal contre la tavelure, surtout en année sèche, et souffriront de toute façon de la sécheresse.
Un printemps favorable, en facilitant la tenue des fruits, et si l'été n'est pas trop sec, permettra peut-être une récolte élevée en poids, mais inférieure en qualité (à cause de la faim de carbone) et il en résultera un affaiblissement de l'arbre : faute d'enracinement suffisant et faim d'azote (N), cela supprimera la récolte l'année suivante, et amènera les maladies.
L'arbre aura alors tendance à alterner et à ne produire qu'une année sur deux, et l'année de surproduction étant inévitablement une année où les cours sont bas.
Enfin, des poiriers greffés sur porte-greffe faible, et non taillés risque encore de verser, c'est-à-dire de se coucher au moindre grand coup de vent.
La faim de carbone qui en résulte est un obstacle à la croissance des racines et aboutit finalement à la faim d'azote. Il faut alors réduire les parties aériennes en fonction de la faiblesse de l'enracinement, et les éclaircir pour permettre leur exposition au soleil.
Par exemple : poirier greffé sur sujet affaiblissant tel que le cognassier.
Les racines de cognassier ne seront jamais capables de suivre la progression des parties aériennes du poirier.
La taille devient alors indispensable.
L'enfouissement des engrais verts en profondeur par le « bon vieux labour de printemps » et même les façons superficielles coupent les racines traçantes des arbres fruitiers, il faut alors couper autant des parties aériennes pour le proportionner à ce qui reste de racines.
Par exemple : la plantation des poiriers, qui plus est greffés sur cognassiers, sur des terrains secs et argilo-calcaires, en situation séchante sur versants exposés Sud-Ouest ; il faudra alors tailler sévèrement pour régulariser l'alimentation en eau des parties aériennes.
Le poirier préfère les sables humifères humides, les sols riches argilo-sableux bien pourvus en eau et il ne supporte pas les chaleurs excessives, ni les sols trop pauvres.
Le poirier sur cognassier chlorose à partir de 8% de calcaire actif. (Le pêcher à 7%).
Surtout que la déplantation en motte de 20 kg est trop rarement pratiquée et réservée aux arbustes à feuillage persistant d'une certaine « valeur » (ornementale, statut social) de sorte que les arbres fruitiers sont presque toujours transplantés à racines nues, ce qui implique inévitablement : la mort de toutes les jeunes racines.
Plus grave encore, les racines principales sont souvent fortement raccourcies lors de l'arrachage ; les pépiniéristes trouvent dans cette façon de faire une certaine économie de main d'œuvre ainsi qu'une plus grande facilité d'emballage.
Quant aux acheteurs, la plupart ignorants, ils se préoccupent presque uniquement de l'envergure des branches... pensant gagner ainsi 1 ou 2 ans sur la formation de l'arbre. Mais le développement ultérieur des branches sera conditionné par le développement du système radiculaire (N) et non l'inverse.
L'arbre insuffisamment pourvu de racines risque de ne pas reprendre et d'autant plus si l'arbre est replanté trop exposé au soleil et en conditions séchantes. Il va donc falloir tailler à la transplantation, et d'autant plus qu'une grande quantité de racines aura été éliminée à la déplantation, pour proportionner les parties aériennes aux racines et diminuer l'évapotranspiration, si on veut diminuer les risques de dessèchement et ne pas passer son temps à bassiner d'eau les arbres.
Ne pas enterrer les arbres trop profondément, sinon les racines se trouvent dans les couches de terrain les moins riches en humus et les moins aérées.
Voie de circulation principale. NE PAS INVERSER au Sud-Est ! Les écorces risquent d'être brûlées par le soleil et bloquer le couloir principal de circulation de la sève élaborée et dont dépend étroitement la croissance des racines.
Une mauvaise circulation peut entraîner ultérieurement une dépendance de la TAILLE DE FRUCTIFICATION quand on sera obligé de réduire les parties aériennes en fonction des racines disponibles.
Toute déplantation supprime une partie du système radiculaire, de sorte qu'elle doit nécessairement comporter l'ablation d'une fraction correspondante de la masse aérienne, afin de réduire à la transplantation une évapotranspiration que ne pourrait pas compenser l'absorption d'eau par les racines.
La taille par recépage (rabattre le sujet) est indispensable en principe, on rabat à 10-15 cm au-dessus des racines.
Lorsque le verger est installé dans un fond de vallée ou dans une dépression, il en résulte un déséquilibre C/N – PA/R et un manque de développement des racines. À fortiori quand la plantation est trop serrée et le sol riche en N, ou si l'arboriculteur force sur les engrais N et/ou les engrais verts fixateurs de N, ainsi que l'irrigation.
C'est le cas notamment des fruits à pépins, des poiriers et des pommiers.
En fait ces arbres fleurissent presque sans exception lorsqu'on les abandonne à eux-mêmes dans des conditions normales (arbres de plein vent), c'est seulement dans certaines conditions de culture et lorsqu'on les oblige par la taille à rester nain, que ces arbres fleurissent plus difficilement : on se voit alors contraint de faire des tailles à couronnes. Il ne faut pas qu'un arbre pourvu d'un système radiculaire puissant et/ou situé en sol riche ait ses parties aériennes trop réduites par les tailles. Dans ces conditions il se trouve que les yeux recevant une trop forte proportion de sève brute (et pas assez d'élaborée) « partent à bois », à cause d'une transformation insuffisante de la sève brute. Déséquilibre C/N encore aggravé par un engrais vert fixateur de N, (comme la luzerne, le mélilot), et même si quelques dards à fruits réussissent à se former sur de tels arbres, ils se trouvent alors tellement ombragés par le feuillage exubérant des autres pousses, qu'ils meurent rapidement.
L'arbre soumis à la taille possède un système radiculaire relativement étendu par rapport au système aérien. Il en résulte que l'arbre taillé souffre moins de la sécheresse pendant l'été, et l'on comprend qu'il peut donner des fruits plus gros que l'arbre non taillé. Cela se vérifie particulièrement bien chez certaines variétés de poiriers à poires tardives (comme la Passe-Crassane), qui conduite en haute tige non taillé, donne invariablement des fruits de grosseur dérisoire.
Sur des variétés mûrissant tôt (comme la William), la différence est moins accentuée. Parce que le fruit arrive par sa maturité précoce à échapper à l'influence néfaste des mois de grande sécheresse. Alors on taille pour obtenir des fruits relativement gros et plus savoureux, plus sucrés, par la réduction du nombre des branches consommatrices de sève brute et d'eau. Et ce faisant on réduit également l'évapotranspiration, donc la consommation d'eau. Cette opération correspond à un avortement et permet alors de mieux nourrir un nombre plus réduit de consommateurs.
Lorsqu'on s'aperçoit que les consommateurs sont trop nombreux pour l'activité d'un système radiculaire qui n'a pas suivi la progression de partie aérienne, il faut alors supprimer un faction des branche, dont une partie des fruits, pour que le reste soit alimenté normalement par la sève et reçoive une meilleure insolation et aération.
Les rameaux conservés vivront ainsi plus intensément car recevant davantage de sève (brute) et l'on retrouvera la période de pleine fertilité grâce aux sacrifices consentis par la taille.
Est dans l'ensemble plus vigoureux qu'un arbre taillé : cela se conçoit aisément puisque la taille est une opération NEGATIVE.
Elle retranche une partie du travail du végétal.
Elle n'est qu'une solution de crise. Il est évident qu'on ne doit y recourir qu'en cas de besoin formel.
Le carbone, dont ils ont besoin se fait en ménageant un espace suffisant entre les sujets : ce faisant on évite la faim de carbone, et par là même la faim d’azote, en favorisant une bonne croissance des racines.